Oppen heimer : le film aux milles visages




En 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, le physicien J. Robert Oppenheimer (Cillian Murphy) est nommé à la tête du projet Manhattan. Chargé de mettre au point la première bombe atomique, il rassemble à Los Alamos une équipe de brillants scientifiques convaincus qu’il faut « mettre fin à la guerre ». Mais bientôt, la puissance dévastatrice de leur création soulève d’angoissantes questions éthiques : jusqu’où peut-on aller au nom du progrès ?.
Analyse et mise en scène
Christopher Nolan signe avec Oppenheimer un biopic d’une ampleur rare.
Narration non linéaire : le film jongle entre les différentes étapes de la vie du physicien – ses années d’études à Berkeley, la préparation secrète à Los Alamos, les audiences du Congrès américain accusant Oppenheimer de sympathies communistes. Cette structure éclatée reflète le trouble intérieur du protagoniste.
Esthétique et photographie : Roger Deakins, directeur de la photographie, joue brillamment sur les contrastes : les vastes étendues désertiques du Nouveau-Mexique et l’obscurité oppressante des laboratoires, auxquels répondent les images spectaculaires de l’explosion atomique, filmée en appuyant sur l’émotion brute plutôt que sur l’effroi.
Musique : la partition signée Ludwig Göransson mêle piano lancinant et chœurs entêtants, instaurant une tension permanente jusque dans les silences.
Interprétations et performances
Cillian Murphy (J. Robert Oppenheimer) : magistral, il incarne un homme partagé entre le génie scientifique et le poids moral de ses découvertes. Ses regards fuyants et sa voix calme dissimulent une tempête intérieure.
Emily Blunt (Kitty Oppenheimer) : épouse du physicien, elle apporte une énergie à la fois maternelle et combative, soulignant l’impact des choix de son mari sur leur vie familiale.
Robert Downey Jr. (Lewis Strauss) : en antagoniste perspicace, il porte les audiences d’accusation contre Oppenheimer, rendant palpable la dimension politique et paranoïaque de l’après-guerre.
Thématiques et portée historique
Au-delà du portrait intime d’un homme, Oppenheimer questionne la responsabilité des savants face à leurs créations. Nolan rappelle que la bombe atomique n’a pas seulement changé le visage de la guerre, mais a redéfini la condition humaine à l’aube de l’ère nucléaire.
Ce qu’on retiendra
Un film aussi ambitieux qu’introspectif, porté par une mise en scène virtuose et des acteurs au sommet de leur art.
Une réflexion sombre sur l’éthique scientifique, toujours d’actualité à l’heure des innovations technologiques fulgurantes.
Une œuvre à voir absolument sur grand écran pour mesurer l’ampleur visuelle et émotionnelle de l’explosion atomique.